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Comment photographier la voie lactée


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Article rédigé par
Adrien Lauqué

août 2024

Observer les étoiles est un spectacle fascinant et peu de personne savent qu’il est possible de voir la voie lactée à l’oeil nu. Si vous pouvez la voir alors il est possible de la photographier. De jour on dit que l’oeil humain est plus performant qu’un appareil photo, surtout dans des conditions lumineuses compliquées avec une scène très contrastée. Et bien bonne nouvelle, de nuit l’appareil photo sera bien plus efficace que vos yeux.

Je vous explique en détail toutes les étapes pour bien photographier la voie lactée.

1. Première étapes, équipez-vous

Bien s’équiper est primordial pour obtenir de bonnes photos des étoiles. Ne cassez pas tout de suite votre PEL pas besoin d’un appareil de compétition pour shooter la Voie Lactée. Le boitier ici n’a que peu d’importance hormis en ce qui concerne la gestion du bruit lors de la montée en ISO, mais on en reparlera plus tard.

Choisissez un objectif ultra-grand angle très lumineux

Le plus important est d’avoir un objectif adapté pour cette pratique. Le but étant de capter le plus possible de ciel tout en gardant un premier plan terrestre il va vous falloir un grand angle, et même un ultra grand angle. 12, 14 ou 16mm sont idéaux mais à 24mm vous pourrez déjà bien vous amuser.

Deuxième critère très important : l’ouverture. Vous allez photographier de nuit et nous le verons plus tard mais le temps de pose est limité en astrophotographie. Aussi plus votre objectif sera lumineux, une valeur maximale d’ouverture petite, et moins vous aurez besoin de monter en ISO. Privilégiez donc les très grandes ouvertures tel f/1.4, f/1.8 ou f2.4. Mais là encore, même avec une ouverture plus grande vous pourrez obtenir un beau cliché. Lors de ma première sortie voie lactée j’étais équipé d’un 24-104 f/4 et j’étais comme un enfant derrière mon boitier 🤩

2. Choix du lieu

Le choix du lieu est un des deux facteurs primordiaux pour photographier la voie lactée. Même si en ville vous pouvez observer quelques étoiles la pollution lumineuse des activités humaines rendent impossible l’observation de la voie lactée. Il vous faudra donc vous éloigner de toute source lumineuse et pas qu’un peu ! Amis citadins, pas de panique la campagne c’est très sympa 😅 Bonne nouvelle, ces dernières années de plus en plus de commune réduisent ou coupent l’éclairage urbain passé 23h ce qui est une très bonne chose pour l’observation des étoiles. L’association AVEX tient à jour une carte de la pollution lumineuse qui vous sera d’une grande utilité.

La voie lactée forme un arc plus ou moins épais et donc plus ou moins visible avec une zone très dense nommée le centre galactique. C’est cette zone qui est la plus intéressante à voir et photographier. En France le centre galactique orienté vers le sud et n’est visible qu’une partie de l’année (de mai à septembre) juste au dessus de l’horizon. Il vous faudra donc une zone sans pollution lumineuse au sud et assez dégagé pour ne pas masquer la partie la plus intéressante. On évitera donc de se mettre en fond de vallée à la montagne.

Pour trouvez le lieux idéal n’hésitez pas à fouiller sur Google Maps et si possible vous déplacer de jour pour bien étudier la configuration des lieux. On est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise, croyez-en mon expérience 😅

3. Bien choisir le moment

C’est bon vous avez tout le matériel et trouvé le lieu idéal, reste plus qu’à choisir une date. Et c’est là que ça commence à se compliquer… Sans doute vous l’aurez deviné mais la météo va être un facteur important dans la réussite de votre photo. Vous devrez attendre une nuit clair sans nuage.

Les portes ouvertes étant enfoncées, parlons du second facteur à prendre en compte qui lui est sans doute moins instinctif : la Lune ! Vous l’aurez peut-être déjà expérimenté mais les nuits pleine lune même sans éclairage on peut se déplacer relativement facilement. Si vous arrivez à voir de nuit alors imaginez ce que votre boitier va capter… Vous devrez donc attendre une nuit sans lune ou encore mieux viser les jours entourant la nouvelle lune. il y a de nombreuses applications qui vous indiquerons les cycle lunaire ainsi que les horaires de visibilité de celle-ci.

Vous l’aurez compris les jours propices à l’observation de la voie lactée sont limités et la météo est l’élément perturbateur qui peut tout gâcher.

Pour vous aider vous pouvez investir dans une application comme PhotoPills qui vous sera d’une grande utilitée pour prendre en compte les différents facteurs (hormis météorologiques) tel que l’orientation, les phases de la Lune, les horaires du couché de soleil... Elle dispose même d’une vue en réalité augmenté ultra pratique.

4. Il est temps de parler technique

Le jour J est enfin arrivé ! Je vous conseil de vous rendre sur le lieu choisi un peu avant l’heure prévu pour vous installer, faire vos réglages et faire vos premiers tests.

Première chose à faire, assurez-vous de photographier en RAW. Votre matériel est certes plus performant que votre vue mais c’est au post-traitement que vous pourrez révéler son plein potentiel. Et pour cela pas d’autre choix que d’abandonner le JPEG.

Posez votre boitier sur trépied et désactivez la stabilisation si vous en êtes équipé. Sur trépied elle n’est pas nécessaire et, pire, elle peut générer du flou de bougé. Tant que vous êtes dans les menus activez le retardateur, 2 secondes c’est suffisant, pour ne pas provoquer de flou de bougé lors de l’appuie sur le déclencheur.

Pour la balance des blancs vous pouvez la laisser en automatique ou bien opter pour un choix artistique dès la prise de vue. Personnellement j’aime bien les rendus bleutés donc je règle la balance des blancs sur 3200k. Dans tous les cas, comme vous shootez en RAW, vous pourrez modifier ce réglage en post-traitement.

La règle des 500

Passons aux réglages d’exposition. Et là ce n’est pas très compliqué, vous n’avez pas beaucoup de marge de manoeuvre. Commençons par la vitesse. Vous n’êtes pas sans savoir que la Terre tourne sur elle-même. Cette rotation fait que les étoiles, pourtant fixes, semblent bouger dans le ciel. Il va donc falloir prendre en compte la vitesse de rotation de la Terre pour faire en sorte que les étoiles restent des points.

Pour éviter les calculs savant il existe une règle assez simple et plutôt efficace : la règle des 500. il vous suffit de diviser 500 par votre focale (en équivalent plein format) pour connaitre le temps de pose maximum. Par exemple, à 15mm vous pourrez laisser ouvert votre obturateur environ 30s. A 24mm on descend à 20 secondes. Vous comprenez-là le double avantage des grands angles, en plus du cadrage large, plus votre focale est petite et plus votre temps de pose sera long.

Le temps de pose étant limité vous ne pourrez donc jouer que sur les 2 autres paramètres pour gérer l’exposition de votre photo. Aussi, pour limiter le plus possible de bruit lié au ISO vous devrez ouvrir grand votre diagramme et donc choisir la plus petite valeur d’ouverture. Ajustez ensuite les ISO pour révéler la voie lactée. N’hésitez à commencer avec une valeur très élevé quitte a la baisser ensuite.

Pour ma part je photographie la voie lactée avec un Sony a7III couplé à un objectif IRIX 15mm f/2.4. Je suis donc à f/2.4, 25s et ISO 3200.

Vous devrez sans doute faire plusieurs tests avant de trouver le bon trio de valeur. Quelques aides,

  • si les étoiles forment des traits (surtout dans les angles) et non des points baissez le temps de pose,
  • si la photo est trop sombre montez les ISO
  • inversement, si la photo est trop claire, baissez les ISO

Dernier point, et pas des moindre, la mise au point. Oubliez l’autofocus il vous sera d’aucune utilité, basculez en mise au point manuelle. Nous souhaitons que les étoiles soient nettes, aussi si votre objectif possède une marque de mise au point à l’infini positionnez-vous sur celle-ci. Le plus simple, si vous le pouvez, est de basculer en live view afin d’utiliser le capteur et l’écran de votre boitier pour ajuster la mise au point en zoomant dans la vue direct du capteur. Vous pouvez aussi utiliser le focus peaking pour mieux voir la zone de mise au point.

Il vous faudra sans doute plusieurs essais avant de trouvez la bonne mise au point.

5. Post-traitement : la révélation

Normalement dès la prise de vue vous devriez avoir un résultat déjà meilleur que ce que vous voyez à l’œil nu. Mais ce n’est qu’un début ! Comme vous avez shooté en RAW vous allez encore pouvoir grandement améliorer le résultat en retouchant vos photos via Lightroom par exemple. Je ne vais pas vous faire un cours ici mais n’hésitez pas à jouer avec les filtres locaux et la clarté 😉

6. Restez créatifs

Une fois la technique maîtrisée il y a de grande chance pour que vous deveniez accro 😁 Ce sera le moment de faire parler votre créativité en trouvant des lieux d’exception et en jouant avec les décors qui vous entourent.

Enjoy

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